Le blog de yann

Enfin nous y sommes ! Depuis l’été dernier j’attendais de pouvoir reprendre mon périple.

Nous avons passé, Elise et moi une bonne partie de la journée d’hier à faire les sacs, acheter des vivres de campagne (céréales, fruits secs, soupes…) et cuire le fameux pain patate, le pain spécial rando!

Le réveil à 6h ce matin nous a fait très mal. Le trajet en métro puis en TGV et enfin en bus a été long, mais le soleil et la beauté du paysage nous font vite tout oublier. Il est 13h quand nous arrivons à Dieulefit et même si l’endroit est mignon, il n’y a pas trop d’aire de pique-nique… Nous décidons de sortir un peu du village en suivant le GR.

 Que fait-elle ... ?

Elle prend la maison de nos rêves en photo!

Après 30 min. de marche, une grosse pierre marque la fin du goudron. Elle sera parfaite pour faire office de siège pour notre petit frichti.

La reprise en pleine digestion et en pleine montée est difficile. Bientôt nous atteignons le col et nous basculons dans une autre vallée.

Tout au fond là-bas là-bas :

Nyons !

Le timing que j’avais prévu est bon. Un peu plus loin, après une belle descente, nous perdons les traces du GR. Tergiversations du genre, si on prend ce chemin là, peut être va-t-on rattraper le GR, finalement nous optons pour la prudence, nous faisons demi-tour jusqu’à retrouver les marques rouge et blanches du GR.

Encore une nouvelle montée ! Est-ce la dernière ? En tout cas, elle est raide, d’autant plus qu’on ne s’y attendait pas. (il va falloir améliorer la lecture des cartes). Le moral diminue, le reste de l’après midi défile lentement, au gré des montées et descentes… Nous avons du mal à nous situer sur la carte, nous n’en voyons pas le bout, les sacs sont lourds car lestés de plusieurs repas, les mollets douloureux car pas encore formés. Bref, envie d’être arriver. SUPER, pour un 1^er jour, il ne reste plus que 12 jours de galère !!

Alors que nous n’avons pas croisé un seul marcheur depuis le début , d’un coup nous en voyons passer un troupeau de 9 (enfin c’est des faux, des randonneurs du dimanche, en ballade, sans sac, sans eau). En tout cas le gîte ne doit plus être très loin... et en effet, quelques minutes plus tard, le gîte apparaît! Il est très beau, en vielles pierres. Les chats viennent nous saluer: Elise fond… Le dortoir est très confortable et nous sommes les seuls. Après une bonne douche, nous savourons les derniers rayons du soleil en prenant un petit goûter sur une terrasse abrité du vent.

Bilan : le timing a été relativement bien évalué, en revanche, le dénivelé est complètement faux, nous avons fait bien plus que ce que j’avais calculé à la louche d’après la carte. Belle demi-étape, nous avons l’impression d’avoir marché une journée complète ! Il faut que le corps se réhabitue et même si nous n’avons marché que 3h30, la journée a été longue depuis le réveil matinal à St Ouen...

Le repas préparé par nos hôtes est délicieux. Nous partageons notre table avec un couple d’allemands à la retraite. Naïvement nous pensions les impressionner avec notre périple… et bien ils nous calment vite! Aujourd’hui ils ont fait une « petite ballade », 27 km et 11h de marche !!! La veille ils avaient fait pareil et le programme du lendemain est à l’avenant...

Petite étape aujourd’hui. En plus le beau temps est revenu même si le mistral souffle toujours.

Nous en profitons pour retarder le réveil et flâner dans Nyons. L’envie de ramener un bouteille d’huile d’olive, spécialité du coin, est forte, mais le poids que cela ferait dans le sac nous ramène à la raison.

A 10h, nous quittons la ville par un magnifique pont romain. Nous montons tranquillement dans la forêt, à l’ombre. Bientôt nous dominons la ville et tous les environs. C’est beeeaaaauuuuu ! Petite surprise sur la fin, la côte devient très très raide. Nous sommes obligés de nous accrocher aux branches pour finir.

Une descente et une montée plus loin, nous pique-niquons au soleil mais le vent froid par intermittence nous rappelle que nous ne sommes qu’en avril. Pour la première fois, nous apercevons, au loin, le Mont Ventoux, imposant, majestueux, point culminant de mon périple Paris-Marseille ! Je ressens une certaine émotion.

L’ après-midi, nous suivons un long sentier forestier, bien dégagé qui nous permet d’admirer le paysage sans avoir à regarder nos pieds sans arrêt.

Le gîte est perdu au bout du monde, l’endroit est très accueillant et la propriétaire très sympa. Deux gros chiens blancs, un labrador et un berger des Pyrénées viennent chercher des caresses. Nous cherchons un endroit protégé du vent pour jouer au scrabble, mais rien à faire, il est partout! Nous nous résignons à rentrer dans la salle à manger. Pour ceux qui se poserait la question, non, nous n’avons pas emmené le jeu, mais nous jouons sur le téléphone portable d’Elise. Vive la technologie !!!

Nous partageons le gîte avec trois autres randonneurs dont l’un, que nous avons surnommé Gérard Jugnot, pour son rôle dans les Bronzés. Il a réponse à tout, se mêle des conversations qui ne le regardent pas et surtout n’écoute pas les autres!

Nous ne faisons pas de vieux os, demain nous partirons tôt pour deux raisons. La première c’est que nous n’avons plus rien à manger et que nous aimerions arriver avant la fermeture des magasins à Buis les Baronnies le midi. La deuxième, c’est que, pour la première fois, nous ne sommes pas tout seul dans le dortoir et notre ami randonneur a décidé de mettre son réveil à 6h !!! Je sens déjà que nous allons adorer. A peine la lumière éteinte que nous l’entendons ronfler d’une force ! Nous avons du mal à contenir un fou rire quand ce dernier nous fait la totale et se met à péter dans son sommeil… j’explose !

Thomas dort encore, je m’éclipse pour prendre mon petit déjeuner dans la salle commune du gîte qui est très chaleureuse : grande baie vitrée qui fait entrer beaucoup de lumière, des affiches de vieux films, des photos encadrées de voyages, des céramiques faites par le propriétaire avec qui je discute un moment.

Dans un coin de la pièce, il y a un pan de roche qui a été intégré à la maison. Il y a une plaquette rivée ainsi qu’un mousqueton et une sangle. J’imagine déjà des gamins s’initiant à l’escalade dans cette maison… le rêve.

L’heure tourne, il est déjà 9h, et Thomas… dort toujours ! Je vais quand même le réveiller.

C’est tranquillement, vers 10h, que nous partons pour cette petite étape par la distance, mais grande en dénivelé positif.

Après avoir lézardé sur une route de terre qui serpente à flanc de colline, puis attaqué un petit raidillon et une légère descente jusqu’à Brantes, nous nous arrêtons pour prendre un café en terrasse.

L’odeur de cuisine qui vient chatouiller nos narines est délicieuse. Nous mangerions bien là, dans ce petit restaurant, resté dans son jus des années 60, mais il est encore un peu tôt.

Nous avalons les 100m de descente en un rien de temps pour nous attaquer au gros morceau : le Mont Ventoux.

La montée est magnifique, nous sentons que nous nous élevons au dessus de tous les alentours. La montée est régulière, soutenue mais pas raide sauf en quelques endroits. Nous montons à l’ombre, le sommet est coiffé par des nuages. Le vent souffle toujours, je pense qu’il doit souffler fort là haut. Nous espérons que demain le sommet sera dégagé…

Après une pause déjeuner écourtée à cause du vent froid qui nous glace, nous enfilons d’une traite les 600 derniers mètres de dénivelé qui nous séparent de la station de ski du Mont Serein. Au camping, à 1400m d’altitude, il ne fait que 14°C, pas mieux dans le bungalow. Nous branchons le petit chauffage électrique à fond, ainsi que le sèche serviette dans la salle de bain. 30 min et un goûter plus tard, cela va déjà un peu mieux. Tom va faire une sieste tandis que moi je vaque à mettre de l’ordre dans mes affaires, fais une lessive, prend une douche brûlante, regarde l’étape du lendemain, bouquine, écoute de la musique… En début de soirée nous allons prendre un apéro au bar du camping, mais vu les tarifs, nous préférons préparer notre propre dîner au bungalow (60 euros pour une nuit pour 2 personnes !) A ce prix là nous bénéficions de la télévision. Nous nous finissons donc devant les informations puis Thalassa, histoire de ne pas se couper complètement du monde...

Ce matin je n’ai pas très envie de marcher. Est-ce parce que c’est dimanche ? Bah oui, ça arrive, c’est un peu comme aller au travail. C’est bizarre, parfois on n’a pas envie… mais malgré tout, il faut y aller!!

 Après un bon café au bar PMU où nous avons assisté au triste sketch du mec bourré dès le matin, la machine se remet en marche.

C’est une étape de transition, Thomas part et Catherine arrive, mais aussi nous quittons les Baronnies et le Ventoux pour entrer dans le Lubéron. Pas de dénivelé, ou si peu ; nous traversons un paysage de campagne, de champs de lavande... La matinée se passe, sans point de vue remarquable, ni ruine ou château.

Nous prenons un café peu avant midi à St-Christol, puis nous pique-niquons sous les nuages au bord du chemin, faute de mieux. Rien d’exceptionnel jusqu’au moment où nous débarquons à Simiane la Rotonde.

Nous sommes charmés par ce village typique, resté dans son jus, ruelles pavées en pente, maisons de plusieurs étages accrochées à la falaise et dominant la vallée. La vue est magnifique.

Nous retrouvons Yvan, Catherine et Antoine. Rien de tel qu’une petite bière pour ces retrouvailles et cette passation de relais!

Thomas s’en va avec Yvan et Antoine vers Marseille. Il va en profiter pour visiter le vieux port car il n’y a jamais mis les pieds, puis il prendra le train pour Paris en fin de soirée. Paris qui me semble si loin maintenant...

C’est au tour de Catherine de marcher. J’ai prévu une mise en jambes tranquille puisqu’il reste à peine une heure jusqu’au gîte de Chaloux.  

C’est une belle surprise, la batisse est magnifique, en fait plusieurs batiments formant un hameau, rachetés et restaurés amoureusement depuis plus de 20 ans par les propriétaires.

Le coin est superbe, il se dégage de bonne ondes d’ailleurs nous partageons la cuisine avec trois belges qui sont là pour un stage de Taï Chi.

Légumes bio cuits vapeur versus bières et rôti. Oups ! Catherine a oublié le rôti à Marseille…

Dommage, mais pas grave car nous sommes loin d’être à court de vivres, Catherine ayant par ailleurs assuré le ravitaillement à la perfection avec entre autres un Lonzo !! Je ne vous dis que ça !!

Une fois de plus, nous avons dormi seuls dans un grand dortoir. Les randonneurs ne courent pas les chemins. 9h, nous partons sans avoir payé ! Une personne était censée passer nous voir dans la soirée… mais nous n’avons pas eu de visite et l’office de tourisme dont dépend le gîte est encore fermé. Tant pis, je règlerai cette histoire par téléphone plus tard. Pour le moment, il fait grand soleil, le fond l’air est frais.

Toujours ce maudit Mistral qui depuis 10 jours nous décoiffe !! Ceci dit, on ne va pas s’en plaindre car d’ici 2 heures, le soleil sera haut et le vent nous rafraîchira. En tout cas, il dessèche la peau et les lèvres qui sont bien gercées. J’aime bien, cela donne un petit côté baroudeur.

Nous entamons les pentes du petit Lubéron, chaîne qui s’étend d’Ouest en Est, comme toutes les montagnes du coin (c’est la minute information pédagogique sur la géologie de la région). C’est super pratique vu que nous, nous allons du nord vers le sud!! Le Lubéron culmine à 1000m mais là où nous passons c’est plutôt 600m, je n’ai pas poussé le vice jusqu’à passer par le sommet par égard pour les genoux de Catherine... La montée est progressive et tout en papotant, nous profitons de la vue. Nous admirons le chemin que nous avons parcouru depuis deux jours. La brume nous empêche de voir au delà. Au moment de basculer du côté de Vitrolle en Lubéron, nous apercevons pour la première fois la montagne Sainte Victoire, dernier rempart à franchir avant la Méditerranée.

Je me fais une joie de boire un canon dans le village suivant car il fait chaud maintenant! J’imagine déjà le village typique avec la place sous les arbres, la fontaine, les vieux du coin qui tapent le carton… un peu comme dans Manon des Sources qui a été tourné dans le coin.

Et bien, grosse déception, nous trouvons un vieux café miteux dans un village mort qui ne nous donne pas envie de s’arrêter longtemps. Le Lubéron c’est très surfait !

Nous poursuivons donc et c’est très tôt que nous finissons l’étape. Le gîte où nous dormons ce soir est assez surprenant… fait de bric et de broc, papier peint des années 80, déco de plantes en plastiques à l’intérieur alors que de vraies belles fleurs débordent de partout dans le jardin.

Les propriétaires sont charmants et hauts en couleur. Passionnés d’aromathérapie, de nourriture bio, de levure de bière et autres méthodes naturelle… ils sont en léger décalage avec deux jeunes, étudiants en bucheronage renvoyés de leur internat, qui du coup logent au gîte pour la semaine !!!