C’est le grand jour. Le jour du cirque de la solitude ! Passage mythique du GR20, comme un rite d’initiation, un trophée ramené de Corse. Plusieurs randonneurs venant du Nord nous ont tour à tour inquiétés ou rassurés. Pour Ben en tout cas, le passage ne va pas de soi. La condition pour que nous partions sans guide était que j’emporte baudriers et corde pour l’assurer en cas de difficulté.
Au petit matin, tout le monde se retrouve dans la salle commune de la bergerie pour le petit déjeuner, servi à 6h30, pas avant. Priorité est donnée aux groupes avec guide, ce n’est qu’à 7h que nous sommes servis. Nous piaffons, impatients de nous élancer à l’assaut du versant qui surplombe la bergerie. +800m de dénivelé dans la rocaille. La position de départ est stratégique car partir après les groupes signifie beaucoup d’attente dans le cirque de la solitude au niveau des chaînes car on y passe un par un sans compter ceux qui arrivent dans l’autre sens. Pour mettre une dernière couche de fébrilité, il faut également tenir compte des conditions météo. Il faut avoir passé le cirque le plus tôt possible pour éviter le brouillard ou pire, la pluie…
Nous partons à 7h30 malgré nous, avec un groupe devant et un derrière. Nous avalons la montée en 2h45 en faisant deux courtes pauses pour permettre à Cath de décompresser ;-)
Enfin, nous sommes au col et pour la première fois nous découvrons le Cirque ! C’est effectivement impressionnant vu d’en haut, vertigineux même, difficile à rendre en photo car la perspective du vide est immanquablement écrasée.
Nous commençons à descendre prudemment par un sentier en lacet au milieu des éboulis en faisant bien attention à ne pas faire glisser une pierre qui pourrait blesser quelqu’un en contrebas ! Puis nous arrivons à une petite traversée de dalles.
Enfin, nous atteignons les chaînes qui sont fixées dans la roche. Nous devons prendre notre ticket d’attente car le groupe qui nous précédait depuis le départ est en train de passer. Puis c’est au tour d’un groupe qui attendait plus bas, de remonter. Entre temps d’autres personnes sont arrivées et ont pris leur place dans la file d’attente.
C’est enfin à nous. Je me lance en premier suivi de près par Ben. Nous progressons côte à côte, tranquillement. Tout se passe à merveille. Les autres suivent. Nous sommes arrivés en bas du cirque. Ouf !
Soudain quelqu’un crie « pierres » quelque part au dessus de nous ! Nous nous plaquons tous contre la paroi pour les éviter. Heureusement elles s'arrêtent juste au dessus de nous mais je me fait une entorse au doigt dans la bataille en me précipitant contre la paroi un peu trop vite. Je n’ai pas mal mais je n’ai plus qu’une seule main pour faire la remontée des 200m de l’autre côté du cirque!!
Il y a moins de monde car il est déjà tard, 11h passées. La remontée est plus simple. Elle alterne entre lacets serrés dans le pierrier et petite escalade. Rien de bien méchant, il n’empêche que par temps de pluie, avec un rocher glissant, cela doit être tout autre chose !
Enfin nous débouchons au col perdu, la faim au ventre, content d’avoir franchi ce lieu mythique presque sans encombre.
Nous mangeons au col et pour une fois il n'y a pas de vent ni de nuages à l’horizon. Il ne nous reste plus qu’une longue redescente vers la station de ski d’Asco. Cath me fait un strap pour mon doigt qui commence à me lancer.
Le ciel est d’un bleu magnifique et forme un contraste de toute beauté avec le rouge brique et le vert de la roche. Bientôt nous atteignons l’étage où les arbres réapparaissent, en l’occurrence des pins lariciaux ravissants.
L’arrivée au gîte est accompagnée d'un petit coup de stress car nos bagages suiveurs sont sur le point de repartir vers Ajaccio !!! Heureusement, prévenus à temps par un guide, nous nous précipitons vers le bus pour décharger nos bagages ainsi que ceux d’autres randonneurs qui font le même circuit que nous.
Nous savourons quelques Pietra en terrasse avec la guide d’un des groupes qui nous raconte plein de choses intéressantes sur le GR. Nous avons ainsi des nouvelles entre autres de Jean-Louis, gérant d’un refuge, avec qui nous avions bien sympathisé l’année précédente sur la partie Sud du GR.
Nous dégustons un excellent repas que nous finirons autour d’une bonne myrte !