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6 mars 2015 5 06 /03 /mars /2015 09:40

Cela fait 20h que nous squattons le haut-vent, bloqués dans 1m², mais au sec. Dans la « nuit », vers 3h du matin à nos montres, mais en fait il fait jour gris, un couple d'italiens tente l'étape de montagne, à la faveur d'une accalmie. Nous restons blottis.

A 7h, le temps n'a pas vraiment changé (peut-être pleut-il un peu moins), mais nous sommes décidés à quitter enfin notre abri. Nous avons finalement bien dormi contrairement aux français. Toute la nuit ils ont eu peur que leur tente se brise ou s'arrache.

 

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DSCN2165Au menu aujourd'hui, nous devons franchir un petit massif montagneux. Nous allons monter vers 1000m mais nous savons d'après notre première étape, avec le passage d'un col à cette altitude, que cela correspond à de la haute montagne chez nous. Là encore, nous avons l'impression d'un paysage en miniature, en une journée, nous allons traverser un massif montagneux. Celui-ci est célèbre pour ses sources chaudes, ses fumerolles, ses couleurs incroyables : ocre intense, blanc gris des langues neigeuses, dégradés de vert intense, jaune lié aux dépôts soufrés et noir des roches basaltiques.

L’ascension est terrible ! Les bourrasques de vent de face ou de trois-quart nous déséquilibrent. Un couple de marcheurs nous a rejoint. Nous sommes quatre maintenant à affronter les éléments. A un endroit où la pente se fait brusquement moins raide, le vent s’engouffre et nous renversent comme des allumettes.

 

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DSCN2168Les sillons creusés par l'action des pluies torrentielles, du gel et du dégel révèlent une géométrie non euclidienne de toute beauté. Des plans courbes se coupent dans tous les sens donnant à ce chaos une certaine unité. La neige, comme une chape lisse et unie, vient pacifier ce champ de bataille tellurique.

 

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Le brouillard s'installe peu à peu et notre progression se poursuit bientôt dans un voile cotonneux. Cette purée de pois nous cache le spectacle magnifique que nous avions commencé à entrevoir. Nos yeux pleurent à cause du froid mordant et du grésil que le vent projette sur nos visages. Sur le plateau neigeux, seuls les poteaux en bois que nous apercevons de loin en loin nous indiquent la direction à suivre. C'est notre fil d'Ariane à travers un écran blanc.

Nous atteignons enfin le refuge qui marque la moitié de notre étape et accessoirement le début de la descente vers Landmanalaugar. Une étincelle de vie au milieu de l'enfer blanc. Une cocotte minute sous pression. Le refuge est plein à craquer, les gens s'entassent à l'intérieur. Il est impossible d'y entrer. Cela fait deux jours que les marcheurs affluent de toute part et restent bloqués là, à cause de la tempête !! Nous retrouvons les italiens qui étaient partis dans la nuit. Ils nous racontent l'enfer qu'ils ont vécu pour arriver jusque là. L'accalmie qui avait provoqué leur départ n'a pas tenu 30 minutes. Ils étaient en perdition lorsqu'ils sont arrivés au refuge au petit matin.

Nous faisons une courte pause dans le froid, à l'abri du vent dans un recoin. Le temps d'avaler quelques fruits secs et un peu d'eau, nous repartons.

C'est dur. Le plateau neigeux n'en finit pas. Soudain, le fil d'Ariane s'interrompt. Les balises ont disparu, soit enfouies sous la neige, soit emportées par le vent. La carte nous est d'aucun secours car il y a trop peu de repères visibles. Heureusement, le GPS nous sauve. Même si le poids de cet appareil plus les deux jeux de piles de rechange est important, nous avons toujours pensé qu'il était indispensable. La preuve en est faite.

 

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Enfin, lorsque nous entamons la descente, le ciel se dégage. Nous admirons le paysage fabuleux qui nous entoure. Les souffrances sont derrière nous et, malgré la fatigue, nous nous laissons aller à la contemplation.

 

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Nous croisons de plus en plus de monde. Signe qu'un parking n'est plus très loin. Quelques bâtiments, des voitures et des cars tous terrains sont plantés là. Dans ce décor magnifique, au pied des montagnes. Le choc du tourisme de masse est violent. Les gens pique niquent à deux mètres du sentier. Nous devons attendre sur le bord étroit du chemin que des dizaines de touristes puissent passer. J'éprouve le même sentiment ambiguë que lorsque j'étais arrivé au sommet du Brévent, lors de la traversée des Alpes à pied. Sommet desservi par un téléphérique depuis Chamonix et qui offre un panorama superbe sur toute la chaîne du Mont Blanc. DSCN2192

Le camping ressemble à un parking également : une grande aire caillouteuse. 15h : un peu de temps pour récupérer, lire, se laver... et dormir.

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